Notre expérience
André et moi sommes ensemble depuis plusieurs années. En 2013, nous avons eu le grand bonheur d’avoir un petit garçon. Dès la naissance de Samuel, André a créé un lien très fort avec lui, et s’est toujours impliqué dans son éducation par la suite.
Sans vouloir vous raconter notre vie (pas pour l’instant!), disons que j’aimerais simplement vous dire que mon mari est un homme aimant, présent, impliqué à tous les points de vues. J’avoue que la qualité de la connexion qui s’est créée entre les deux hommes de ma vie m’a surprise ! Aussi, nous ne nous étions pas imaginé la force du lien qu’on ressentirait tous les deux envers notre enfant.
L’implication du père
Si pour nous l’implication du père n’a jamais été un problème, je sais que ce n’est malheureusement pas le cas pour tous les couples.
Voici quelques phrases entendues ou lues ça et là, prononcées par des femmes désemparées :
« Je me sens comme une mère monoparentale. Pourtant, j’ai un conjoint… »
« Mon chéri préfère aller jouer au golf plutôt que de passer du temps avec son petit garçon. »
« Au bout de 10 minutes, il me remet notre bébé fille dans les bras, et retourne regarder la télé. »
Avez-vous entendu de tels témoignages vous aussi ? Ou peut-être avez-vous déjà vécu ça ? Le vivez-vous en ce moment même ? Qu’est-ce qui explique ce manque d’implication chez de nombreux pères ?
Pourtant, les hommes sont parfaitement capables de s’impliquer alors pourquoi cette apparente indifférence face à la chair de leur chair, le sang de leur sang ? LEUR bébé ?
L’importante contribution du père
Ce sujet est complexe et la réponse à cette épineuse question peut varier beaucoup d’une famille à l’autre.
Les psychologues s’entendent pour dire que le père fait office de figure d’ouverture sur le monde pour l’enfant (Camus, 2000). Son apport est donc très important dans le développement des petits.
Alors, comment convaincre les pères « résistants » à s’impliquer davantage ? Faisons un petit tour d’horizon de la psyché masculine.
Les hommes ont besoin d’interactions claires et concrètes
On nous le répète souvent, à nous les femmes : soyez claires dans l’expression de vos besoins ! Les hommes ne vous devineront pas ! Ce n’est pas par manque d’amour, d’effort ou d’intelligence, c’est simplement la façon dont leur cerveau est construit.
Dites-leur : « Je me sens triste et j’ai besoin de ton affection ce soir. » Ils seront bien plus enclins à vous offrir leurs câlins que si vous attendez qu’ils devinent votre état et votre désir.
Pistes pour favoriser l’interaction entre pères et bébés
Je vous propose quelques pistes concrètes pour stimuler l’interaction des papas avec leur bébé. Explorez, testez, osez !
1- L’interprétation des signes
Voilà un premier « hic » concernant les bébés d’âge préverbal : ils ne parlent pas encore ! Alors il faut les « lire ». Ce fait représente un défi pour les hommes qui ne sont pas prédisposés à ce genre de devinette.
Piste de solution : apprenez-lui avec patience comment interpréter les pleurs, les mimiques, les gestes de votre bébé, afin qu’il les comprenne tel un langage. Soyez le plus clair possible dans vos observations et vos instructions. Encouragez-le à persévérer.
2- Faire confiance aux pères
Avoir un enfant tout neuf est une source de stress, surtout lorsque c’est le premier. Mesdames, si vous ressentez un besoin impérieux de tout superviser et tout contrôler, c’est normal, mais RÉSISTEZ!
Votre instinct maternel devrait inclure de laisser votre homme prendre soin du bébé, même s’il ne le fait pas comme vous. Croyez-en mon expérience, c’est payant de laisser votre homme prendre sa place avec vos enfants!
Pour ne pas briser l’élan des papas envers leur tout-petit, il faut leur faire confiance et leur laisser en prendre soin à leur façon. Ce sont des pères : c’est normal que la manière de tenir l’enfant ou de s’en occuper soit différente de la façon d’une mère !

Des études ont démontré que les pères ont davantage tendance à s’engager dans des jeux physiques avec leur poupon dans la première année (Lamb, 1996), alors que les mères s’occupent de les calmer et de les apaiser. Nous n’avons pas la même fonction ! Les deux ont leur place dans le développement de l’enfant. Laissez-les être des pères ! Et le côté câlin et protecteur apparaîtra de lui-même.
D’autres études ont d’ailleurs démontré que la confiance que les conjointes démontrent à l’égard des pères est en lien direct avec leur motivation à s’impliquer avec leurs bébés. (Biller, 1993 ; Coverman, 1985 ; Cowan & Cowan, 1987 ; DeLuccie, 1995, 1996 ; McBride & Rane, 1998 ; Pasley, Futris & Skinner, 2002 ; Simons, Whitbek, Conger, & Melby, 1990)
3- Le renforcement positif
Faites savoir à votre chéri que vous aimez la façon dont il s’occupe du petit lorsqu’il le fait. Dites-lui que vous lui faites confiance, que vous savez que le bébé est en sécurité avec lui. Remerciez-le pour le rôle important qu’il joue auprès de votre enfant. Dites lui que l’enfant n’a qu’un seul père, vous ne pouvez jouer ce rôle, seul lui le peut, et qu’il le fait bien.

Certains hommes vont entretenir un manque de confiance en eux de façon exagérée, et insistent à dire qu’ils ne sont pas qualifiés pour s’occuper de leur enfant. J’ai connu des femmes qui ont alors fait exprès de quitter la maison pour quelques heures, laissant monsieur s’arranger tout seul avec bébé, histoire de casser la glace pour qu’il se rende compte qu’il est parfaitement capable de s’acquitter de tâches telles que changer une couche, bercer le bébé pour l’endormir, lui donner sa purée, etc.
4- Les pères aiment être des héros
Vous voulez intéresser un homme à une situation donnée ? Faites de lui le héros de cette situation. Même si de votre point de vue, c’est juste « normal » qu’il change la couche du bébé au moins une fois par jour, dites-lui tout de même quelque chose comme: « Mon amour, j’ai vraiment besoin de faire cet appel téléphonique maintenant, et la petite a la couche pleine. Tu me sauverais la vie si tu la changeais maintenant. Peux-tu faire ça pour moi ? » Et s’il le fait, après votre coup de téléphone, remerciez-le. Il est fort probable que les prochaines fois, il le fera sans que vous le demandiez.
5- La collaboration et la communication dans le couple
C’est important par ailleurs que vous soigniez votre couple. Plusieurs études démontrent que la qualité de la collaboration entre les parents, ainsi qu’une saine communication dans le couple, favorise l’implication des pères auprès de leurs enfants. (Bouchard & Lee, 2000 ; Harris & Morgan, 1991 ; McBride & Mills, 1993)
6- Le langage des signes pour bébés à la rescousse
À partir de 6 mois, les enfants ne parlent toujours pas, mais sont aptes à communiquer avec des gestes faits avec leurs petites mains. Ces signes sont concrets et clairs, et peuvent être enseignés aux bébés dès l’âge de 3 mois. À partir de 6 mois, ils ont la motricité suffisamment développée pour répondre et participer à la conversation.
Ce langage des gestes permet aux tout-petits de s’exprimer clairement sans avoir à faire de crises de larmes aussi souvent. Ça permet aux parents de mieux comprendre leurs besoins et d’y répondre plus facilement.
Pour André et moi, le langage des signes pour bébés a joué un rôle important dans notre relation avec notre fils. Pour André, l’idée de pouvoir communiquer avec lui et connaître exactement ses besoins a stimulé sa motivation à jouer et passer du temps avec lui. Le lien de papa à fiston s’est créé facilement à travers les jeux et des conversations simples initiées par les signes pour bébés. Pour moi, c’était un vrai régal de voir Samuel se développer et apprendre en jouant avec nous.
C’est d’ailleurs cette expérience qui nous a motivés tous les deux à nous investir dans le développement de notre application mobile Samuel à la page.
J’encourage toutes les femmes qui veulent davantage d’implication de la part de leur homme à adopter le langage des signes pour bébés comme activité familiale. Ce fût un des éléments favorables pour nous. Il pourrait en être de même pour vous aussi !
Bibliographie et références
Biller, H. B. (1993). Fathers and families: Paternal factors in child development. Westport, CT: Auborn House.
Bouchard, G., & Lee, C. M. (2000). The marital context for father involvement with their preschool children: The role of partner support. Journal of Prevention & Intervention in the Community, 20 (1⁄2), 37–53.
Le Camus, J. (2000). Le vrai rôle du père. Paris : Éditions Odile Jacob.
Coverman, S. (1985). Explaining husbands’ participation in domestic labor. Sociological Quarterly, 26, 81–97.
Cowan, C. P., & Cowan, P. A. (1987). Men’s involvement in parenthood: Identifying the antecedents and understanding the barriers. In P. Bernman & F. Pedersen (Eds.), Men’s transitions to parenthood (pp.145-174). Hillsdale, NJ: Erlbaum.
DeLuccie, M. F. (1995). Mothers as gatekeepers: A model of maternal mediators of father involvement. The Journal of Genetic Psychology, 156, 115–131.
DeLuccie, M. F. (1996b). Mothers: Influential agents in father-child relations. Genetic, Social and General Psychology Monographs, 122 (3), 285–307.
Harris, K. M., & Morgan, S. P. (1991). Fathers, sons, and daughters: Differential paternal involvement in parenting. Journal of Marriage and the Family, 53, 531–544.
Lamb, M. E. (Ed.) (1996). The role of the father in child development (3e ed.). New York, Wiley.
McBride, B. A., & Mills, G. (1993). A comparison of mothers’ and fathers’ involvement with their preschool age children. Early Childhood Research Quarterly, 8, 457–477.
McBride, B. A., & Rane, T. R. (1998). Parenting alliance as a predictor of father involvement: An exploratory study. Family Relations, 47, 229–236.
Pasley, K., Futris, T. G., & Skinner, M. L. (2002). Effects of commitment and psychological centrality on fathering. Journal of Marriage and Family, 64 (1), 130–138.
Simons, R., Whitbek, L., Conger, R., & Melby, J. (1990). Husband and wife differences in determinants of parenting: A social learning and exchange model of parental behavior. Journal of Marriage and the Family, 52, 375–392.
http://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1997_num_50_3_3068